Le téléphone de l’Odysée sonna.
« L’Odyssée bonjour »
« Bonjour Monsieur, je souhaiterais un renseignement »
C’était la voix d’un homme plutôt d’âge mûr, très polie dans l’intonation.
« Je voudrais savoir s’il est possible que vous initiez un homme comme moi aux plaisirs masculins, je n’ai aucune expérience dans ce domaine, mais j’avais pensé à ça et la lecture de vos expériences de clients m’a incité à vous poser la question »
Jacques répondit d’une voix tellement naturelle que l’homme se mit progressivement en confiance.
La conversation dura et l’homme livra plus de détails sur ses intentions, en réalité il était Parisien et se disait prêt à faire le voyage en train. Il fut convenu que Frank pouvait aller le chercher à la gare en fin d’après-midi et lui faire découvrir le Club. Franck est un sympathique Antillais. Il serait demandé une participation pour l’accueil et la visite qui consisterait à payer une entrée homme à un tarif spécial, le prix ne sembla pas être un obstacle à notre inconnu. Il fut convenu qu’il réfléchirait et rappellerait.
La réponse ne se fit pas trop attendre car dès le lendemain P. (c’est le nom qu’il accepta de donner) rappela. Il avait réfléchi, son intention s’était confirmée et il pourrait arriver un samedi prochain au train de 16 h 58.
Le rendez-vous fut précisé.
Le voyage en train fut un voyage de stress, P. pensait qu’il était fou, mais cette découverte il la souhaitait, il la voulait. Les heures passaient et la gare de Bordeaux Saint Jean fut annoncée.
Franck arriva juste à l’heure pour trouver P. avec sa veste de cuir noire et deux petites valises à la main comme précisé pour que la reconnaissance soit plus facile.
« Bonjour, je suis Franck, enchanté »
« Enchanté », P. semblait très gêné sous un faux air naturel, il précisa :
« J’ai réservé une chambre à l’Ibis, mais je souhaiterais laisser ma valise à la consigne de la gare ».
L’homme était assez grand, la cinquantaine, une silhouette svelte, sans doute sportif. Le type d’homme à tout faire pour garder son profil de jeune homme.
Quelques instants plus tard nos deux hommes traversaient la place de la gare et prirent une rue étroite qui était située aux abords.
« La visite va commencer par ce cinéma »
Franck, de connivence avec le caissier avait auparavant acheté deux entrées, P. hésita mais sentit qu’il devait accepter.
« As-tu déjà vu un film dans un ciné porno ? » demanda Franck très direct.
« Oui, il y a longtemps, je ne suis pas un habitué de ces lieux »
P. suivait Franck, très hésitant et interrogatif.
« Suis-moi »
Ils entrèrent dans l’une des trois salles de ce cinéma réputé des lieux de débauche de Bordeaux.
Quelques hommes avachis regardaient un film porno, « Tu vois, ici il se passe parfois des exhibs de couples qui se mettent sur la scène ». Même spectacle un peu désarmant dans l’autre salle, puis dans la troisième, plus grande, une dizaine d’hommes silencieux regardaient le film, certains tournèrent leur tête en s’interrogeant sur la venue de ces deux hommes.
« Viens ici, je vais te montrer la salle BDSM, elle est ici en haut »
P. commençait à s’inquiéter, mais suivait studieusement son sympathique guide.
La salle était sombre et l’électricité était en dérangement, Franck prit une lampe de poche et abandonna ses recherches pour allumer la salle. « Pas grave, la lampe suffit, pose ta mallette ici, je vais te montrer les équipements » P. s’exécuta sa gorge un peu nouée. « Regarde ça, c’est une croix de Saint André, on attache l’homme ou la femme aux bras et aux chevilles, et la fête peut se dérouler », ils avancèrent, « regarde, ça, c’est une cage, entre dedans et mets tes mains ici, retournes toi », curieusement P. s’exécuta, Franck palpa les fesses de P.
« Oh non, pas ça ! » s’inquiéta P.
« Alors sors » rassura Franck, regardes ça, c’est un cheval d’arçon, on peut se coucher dessus, certaines femmes adorent ça »
« Regardes ça maintenant, c’est un siège pour esclave docile », mets-toi à genoux ici, tu vois, ça c’est pour les poignets, mets les ici ! » P. s’exécuta. « Mets ta tête sur cette barre, ça c’est pour le cou, avances toi ici ». P. ne broncha pas.
Sa tête était posée légèrement en avant à mi-hauteur. Franck s’avança, les yeux de P. étaient maintenant à quelques centimètres du pantalon de Franck. Le silence était électrique, il allait se passer quelque chose. Franck sortit son sexe, un sexe large et noir, luisant. Sans dire un mot, il mit son indexe sur la bouche de P. qui se laissa faire. Il enveloppa alors le sexe bien gonflé de Franck, manifestement il était très docile, mais savourait son nouveau plaisir, il enroulait le gland qui prenait plaisir de la situation. La scène dura une minute, pas plus, mais P. appréciait ce moment qu’il était venu découvrir.
« Relèves toi, prends ta mallette, nous partons », à peine levé, ils se dirigèrent vers la porte qui s’ouvrit, le caissier du cinéma entra, « Oui, désolé les lumières sont en panne, vous avez fait la visite ? »
Franck répondit : « Pas de soucis on s’est contenté de la lampe de poche, P. mets-toi à genoux et remercie ce Monsieur » L’ordre n’était pas discutable, et P. se mit à genoux, « Merci Monsieur »
La journée promettait, P. n’en doutait plus, avec un stress extrême, ce moment avait été aussi un délice, inavouable.
Ils traversèrent la rue pour rejoindre la Mercedes noire de Franck, P. s’installa silencieux, ils traversèrent Bordeaux pour aller se garer devant l’Odyssée.
Franck sonna, après quelques instants la porte s’ouvrit, le stress de P. reprit de plus belle.
« Je te présente Jacques, entres »
« Bonjour cher ami, tu as fait bon voyage ? » La voix à l’accent du sud-ouest de Jacques était à la fois amicale, rassurante et montrait un grand charisme.
« Oui Monsieur, très bon » P. n’avait pas envie de parler de ses premières découvertes avec Franck.
« Poses tes affaires dans ce vestiaire, je vais donc te faire visiter le Club, nous ouvrons à 20 heure, actuellement c’est donc fermé aux clients, nous prendrons un petit lunch ensemble avant l’ouverture, nous avons le temps de te réserver quelques surprises de bienvenue » Cette ironie ne diminua pas le stress de P., seul élément positif, Jacques était très calme et manifestement très amical, il semblait avoir du vécu !
« Viens, regardes, ici c’est le bar, j’ai fait refaire entièrement le Club, nous avons ouvert en janvier, avant le bar était ici, l’Odyssée était un sauna. Je te montre le rez-de-chaussée, le sous-sol, ce sera pour tout à l’heure, je ne suis pas très libre cet après-midi, mais on va s’occuper de toi ! ». Ils allèrent dans les différents recoins du Club qui semblait effectivement très convivial. Franck s’était installé au bar et lisait la page sportive d’un journal local.
Jacques proposa une boisson à P.
« Alors pas de regret d’avoir fait le voyage pour faire connaissance avec le monde du libertinage coquin ? »
P. : « Je pourrai vous répondre plus tard, pour l’instant j’assume ma curiosité »
« Alors passes dans cette pièce, je vais te présenter un nouvel ami, avant ça tu te déshabilles. »
P. commençais à savoir obtempérer sans oser poser plus de questions, il entra, pour quelques instants après en sorti nu, heureusement que le Club était quasi vide et fermé au public.
« Viens ici, je vais te mettre un masque et couvrir tes yeux car je vais te faire descendre à la cave, mais tu ne la verras pas ! » Jacques lui passa un bandeau sur les yeux, P. fut alors sur le point de tout abandonner, mais retarda encore sa décision, il était convenu qu’il pourrait arrêter à tout moment, mais que cette éventuelle demande serait définitive si elle était exprimée. Jacques accompagna P. vers l’escalier, P. se guida avec la rampe et attendit en bas de l’escalier.
Jacques : « Je te laisse là, nous nous retrouverons tout à l’heure »
P. resta en bas de l’escalier, tremblant, silencieux. Il entendit des bruits, quelqu’un s’approcha.
« Viens, suis-moi » dit la voix, ce n’était pas Jacques, ce n’était pas Franck. Il fut donc guidé pour quelques mètres et « on » le fit assoir sur le rebord de ce qui devait être un lit. Une main le guida, il était à nouveau à genoux sur ce lit, la main passa derrière sa tête lentement et doucement l’incita à se pencher, il sentit alors la présence d’un sexe tendu, il se présenta devant sa bouche, cette fois P. désirait le prendre, il enveloppa le gland de sa langue et en prit possession dans sa bouche, il était très raide et long. Aucun doute un nouveau black, le plaisir, le désir envahit P.
Manifestement ils n’étaient seuls, des bruits et des mouvements confirmaient une autre présence qui s’approchait, P. s’arrêta. La voix de l’homme devant lui intima l’ordre de reprendre sa besogne. P. senti une main parcourir son dos, sa curiosité lui fit abandonner toute prudence. Deux mains le parcourait maintenant, lui parcouraient les fesses, il sentit qu’on allait lui imposer une chose qu’il ne voulait pas, en même temps il ressentait le désir qu’on lui impose cette chose qu’il redoutait, était-ce un désir ou le début d’un supplice inconsciemment recherché.
« Ne bouges pas, continue à sucer cette belle queue » lui ordonna la voix qui était dans son dos. Il senti une présence sur son intimité, une caresse finalement très douce, un peu insistante, mais agréable. P. n’en souhaitait pas plus, mais sentait que le moment d’angoisse était devenu inévitable. Il émit un son qui semblait implorer grâce. Malheureusement il produisit l’effet inverse.
« Ne bouges pas, tu vas découvrir quelque chose, tu vas en raffoler ! » Cet air moqueur emplit de panique P. Mais les mouvements étaient doux, enivrants. P. ne se maîtrisait plus. Il sentit une présence chercher à le pénétrer, c’étaient aussi des caresses, impossible à imaginer, il passa sa main et sentit que ses fesses étaient enduites de gel, le sexe de l’homme portait une protection. Tout doucement, dans une faible douleur, une douleur de plaisir, un plaisir de sentir une domination qui était à la fois maitrisée et rassurante, il devint un peu femme, un plaisir inavouable, mais un plaisir nouveau et intense, c’était une soumission, une présence vivante était en lui. Il suçait de plus belle ce sexe gorgé de désirs. Progressivement il était possédé, son amant était très doux et progressif, il allait et venait doucement. P. était entrain de se faire prendre. Inavouable mais bon, impensable mais doux. Le rythme devint plus insistant, P. émit des sons incompréhensibles mais qui traduisaient un enivrement, une communion avec son complice. C’était sa première fois, son plus grand secret. Chose inimaginable l’énorme gémissement de son amant déclencha le gémissement de l’homme qu’il suçait, il se répandit sur son visage. P. émit à son tour une jouissance qui était immense et semblait ne pas vouloir s’arrêter, il était comme ivre, tremblant et hors de conscience.
P. n’avait rien vu de la scène, rien vu de ses deux amants blacks, rien vu du sous sol qui lui sembla être un lieu de débauche, de plaisirs, de secrets.
Quelques instants après il fut guidé vers l’escalier. Arrivé en haut Franck l’accueillait, un sourire amical, il lui indiqua les douches communes.
« Après ta douche tu pourras revenir aux vestiaires et te préparer »
Un quart d’heure après P. était assis devant une petite table, il était silencieux, sans aucune envie de bavarder, de s’expliquer. Il but progressivement son verre d’eau gazeuse.
« Alors mon ami, tu as fait un beau voyage » lui demanda Jacques qui revenait d’une arrière salle. Il était amical, « Ici c’est un monde que tu ne connais pas, mais quand on y a goûté on en redemande. Nous sommes tous des amis, nous ne posons pas de questions nous sommes là pour mener notre vie sans créer des problèmes que nous ne voulons pas. Tu dois te sentir un peu chez toi ici. Ce que je souhaite c’est que tu te lâches, tu vas doucement découvrir celui que tu es au fond de toi. C’est compliqué, c’est aussi tout simple si tu t’acceptes tu seras toi, mais différent ».
Un grand principe de psychanalyse, mais la conscience est si complexe !
Et la journée n’était pas terminée.
En réalité les moments avaient été si intenses que la suite de la soirée passa très vite. Ils dînèrent, Franck, Jacques et P., les conversations étaient simples, amicales, comme de vieilles connaissances.
Le Club ouvrit ses portes, des couples, des hommes seuls, une femme seule aussi constituaient la clientèle de la soirée.
P. était un peu absent tout en échangeant quelques banalités avec certains clients.
Jacques passa deux fois demander à P. s’il était bien, il lui expliqua un peu le déroulement de la soirée, lui parla de quelques clients habitués qu’il connaissait, il était décidément très amical et convivial, ses clients habitués semblaient le respecter. Quelques clients de passage étaient éparpillés dans les alcôves, des couples se formaient, des allers et venues étaient incessantes dans ce lieu de libertinage et de convivialité.

Il était trois heures, P. était fatigué et souhaitait désormais se reposer. Frank aborda P. « Viens si tu veux, je vais partir, je peux te raccompagner, si tu veux prends ton vestiaire ».
Après avoir salué Jacques et avoir convenu avec lui de le rappeler, ils sortirent.
Une fois dans la fraicheur de la nuit ils se dirigèrent vers la voiture de Franck. « P., deux solutions, je te dépose à ton hôtel ou je te loge cette nuit, j’habite à une demi-heure d’ici. »
La question était sans équivoque et malgré la fatigue P. voulait décidément poursuivre l’improvisation de ce séjour à Bordeaux.
Il se gara dans un petit parking et rentrèrent dans un petit immeuble calme à cette heure très avancée de la nuit. Franck commanda l’ascenseur et appuya sur la touche du dernier étage, le cinquième, la porte se referma.
« Mets-toi à genoux ! »
P. s’exécuta, le sexe de Franck pénétra la bouche de P. qui prit plaisir à l’envelopper. Mais ce fut de courte durée car l’ascenseur était déjà arrivé. Il se leva précipitamment !
Franck ouvrit la porte de l’appartement et se dirigea vers le living, « Installes toi dans le canapé, je reviens ».
Décidément les surprises n’en finiraient pas, Franck se présenta sur le seuil de la porte accompagné d’une jeune femme française, blanche, en peignoir bleu marine. « Je te présente Patricia ; P. va dormir ici ce soir, il est Parisien et reste le week-end avec nous. »
« Tu veux un café ? » P. refusa.
Franck et Patricia bavardèrent de leur journée, Patricia semblait très calme et sympathique, elle devait vivre une vie de couple et d’amitié en même temps avec Franck qui semblait très attentif à elle. Le temps semblait avoir une autre notion pour eux car ils ne semblaient pas vouloir aller se reposer, P. somnolait sur le canapé.
Après un moment P. fut réveillé par un ordre alors que Franck était debout.
« Mets-toi à genoux ici », il désigna ses pieds.
Impossible de faire ça devant sa femme, son amie ! P. resta interdit.
« Tu as bien compris, allez ! A genoux »
P. s’exécuta et saisit de sa bouche le sexe infatigable de Franck, la situation était inqualifiable, Patricia semblait amusée de la situation, Franck embrassa Patricia et ouvrit son peignoir pour la caresser dans son intimité, son pubis était totalement épilé. Il se dégagea de P. et allongea Patricia pour la pénétrer, elle miaulait de plaisir, cette situation inhabituelle semblait lui avoir décuplé ses envies. Franck rugit de plaisir après avoir longuement chevauché sa belle qui avait jouie elle aussi. P. était resté à l’écart mais avait pleinement bénéficié du spectacle.

Chacun passa à la salle de bain avant de se préparer à passer enfin une nuit réparatrice. Ils dormirent tous les trois dans le même lit, après de nouvelles caresses … Franck dormait enfin pour de bon.
Le lendemain matin P. se réveilla avec un fort mal de tête, il n’était pas habitué à dormir si tardivement. Le petit déjeuner fut pris à trois, trois amis qui conversaient des joies de vivre à Bordeaux, des évènements récents de leur vie, Patricia était en couple avec Franck depuis plusieurs années et semblait apprécier la situation et les plaisirs de son black !

P. était en avance et traîna dans les environs de la gare, passa devant le cinéma dans lequel il débuta son initiation à de nouvelles perversités ; il pensa que le temps était passé très vite, qu’il avait rencontré des inconnus très respectueux et sympathiques. Un monde dans lequel tous les styles d’individus se côtoient.
P. a 54 ans, il a pris le train de 10 h 02 pour Paris, il a dormi tout le voyage, un sourire calme illuminait son visage.
Il a repris son travail le lundi matin, il est directeur général d’une d’entreprise, de nature habituellement assez autoritaire et dirigiste.
La nature humaine est bien complexe.
P. ne rêve que d’une chose, pouvoir organiser un week-end un peu plus long à Bordeaux.
Il y a son jardin secret.